- Dans un récent rapport, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé les autorités kényanes à mettre en place un cadre réglementaire structuré pour le marché des cryptomonnaies et a fourni une série de lignes directrices clés.
- Les réglementations obsolètes du Kenya n’ont pas l’autorité légale nécessaire pour régir le secteur des crypto-monnaies, ce qui ouvre la voie à une augmentation des escroqueries et des activités illicites liées aux crypto-monnaies.
Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé au Kenya d’établir un cadre réglementaire solide et transparent pour son marché des crypto-monnaies. Le but est de protéger les consommateurs et de traiter les risques liés à la lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et le financement du terrorisme (CFT). Cette recommandation intervient alors que le Kenya est confronté à l’influence croissante des actifs numériques et à la nécessité de clarifier la réglementation pour garantir la stabilité financière.
À l’heure actuelle, le Kenya ne dispose pas d’une définition juridique des crypto-actifs. La loi sur l’Autorité des marchés financiers (CMA), qui constitue le fondement juridique de la réglementation des valeurs mobilières au Kenya, est dépassée dans le contexte des crypto-monnaies. Cette loi CMA définit les titres comme des actions, des débentures, des obligations et des effets de commerce. Toutefois, cette définition est limitée, excluant les titres qui ne sont pas émis par des sociétés ou des entités gouvernementales. Cette omission a rendu difficile la catégorisation des crypto-actifs décentralisés, ou ceux émis par des individus ou des entités non constituées en société, en tant que valeurs mobilières dans le cadre juridique existant.
Par exemple, en 2019, Wiseman Talent Ventures a tenté de lancer une offre initiale de pièces de monnaie (ICO) pour son jeton propriétaire, le « KeniCoin », auprès du public kényan. L’AMC a répondu par une mise en garde, avertissant le public que l’offre était non autorisée et non approuvée. L’AMC a souligné les préoccupations concernant l’absence d’informations adéquates et les risques de fraude potentiels associés à l’offre. L’incident a démontré les défis réglementaires auxquels le Kenya est confronté dans la gestion de l’évolution rapide du paysage des crypto-monnaies.
Recommandations du FMI en matière de clarté réglementaire
Dans le rapport d’assistance technique publié le 8 janvier 2024, le FMI a souligné la nécessité pour le Kenya d’aligner sa réglementation en matière de crypto-monnaies sur les normes et les cadres internationaux. Cela inclut le Bali Fintech Agenda du FMI et de la Banque mondiale, le document de politique générale du FMI sur les éléments de politiques efficaces pour les crypto-actifs. Il inclut aussi les recommandations de l’OICV concernant les marchés des crypto-actifs et des actifs numériques. Le FMI a également souligné l’importance d’adhérer aux lignes directrices pertinentes établies par le Groupe d’action financière (GAFI), l’entité qui s’attaque au blanchiment d’argent et au financement de la prolifération.
Un cadre clair contribuerait à orienter la croissance du secteur tout en permettant aux autorités de superviser et d’atténuer efficacement les risques liés aux actifs numériques. Le rapport souligne la nécessité pour les régulateurs kényans d’être dotés des ressources nécessaires pour surveiller les activités liées aux crypto-monnaies, évaluer les risques pour le système de paiement et garantir la stabilité du système financier.
Les recommandations à court terme du FMI pour le Kenya comprennent la réalisation d’une analyse empirique, la promotion de la collaboration entre les régulateurs et la clarification des réglementations sur les crypto-monnaies. Les mesures à moyen et long terme comprennent la création d’un cadre juridique et d’octroi de licences, le renforcement des ressources de supervision et l’alignement des réglementations sur les normes internationales.
Compte tenu de la nature transfrontalière de nombreuses activités liées aux crypto-monnaies, le FMI préconise des dispositions réglementaires qui permettent une coopération internationale en matière de surveillance et d’application de la loi. Au Kenya, de nombreux services de crypto-monnaie sont fournis par des entreprises étrangères, ce qui complique les efforts de mise en œuvre au niveau local. Par conséquent, le FMI suggère que le Kenya collabore avec les autorités réglementaires étrangères pour superviser efficacement les activités transfrontalières liées aux cryptomonnaies.